Il y a ces albums dont l'on revient, qui vous séduisent à la première écoute, qui vous promettent monts et merveilles et lendemains qui chantent et tutti quanti, qui finissent par faire partie du paysage par simple habitude.
Il y a ces albums dont on ne revient pas, qui vous terrassent d'emblée, qui par tours et détours vous laminent, que l'on écoute avec parcimonie pour ne pas qu'ils nous écrasent.
Il y a ces albums, enfin, auxquels on revient, auxquels on reviendra toujours et dont on ne sait plus, au final, s'ils nous habitent ou si nous les habitons.
Changing Plans de St Augustine partage ainsi mon existence depuis quelques mois. Avec une complète évidence, "14th of July" et "Let it go" ont pris possession des lieux: la guitare acoustique d'abord et puis cette voix qu'il m'a semblé d'emblée reconnaître et pourtant...
"Icelandic" et ses trompettes mariachi, on découvre de petits arrangements, ni discrets ni jolis, simplement justifiés; on comprend avec "A nice picture of you" et "Rainy country" qu'il n'y aura entre nous rien de trop, rien de forcé, que trois accords feront toujours un refrain suffisant.
"Polar bears", au coeur de l'album, est le morceau que je ne pourrais jamais écouter sans trembler, émerveillé, à chaque fois, qu'il existe... C'était déjà le cas sur In a Field of Question Marks, le Ep paru précédemment de façon confidentielle et sur lequel figuraient déjà, dans des formes plus rêches, quelques morceaux de la première face de Changing Plans.
Car avec "WWIII", on entre dans un autre versant, on frôle le risque de l'habitude, dans cette relation de six morceaux déjà... Arrive quelque chose alors de plus affirmé, de plus sûr de soi, confirmé par les guitares électriques de "Little girl", quelque chose de plus référencé aussi... On est plus en terrain inconnu, les échos se démultiplient, avec nos amours de jeunesse, avec les débuts de cette histoire-là. D'où l'émotion particulière de "Five and a dog" et "Sad moment", mais une émotion qui nous laisse épuisé pour "The forest", qui semble fade en comparaison. On languit un peu, on s'ennuie presque, on se dit que c'est la fin d'une belle histoire et que ça sent le sapin.
Mais vient "Broken Lens" et, à nouveau, juste ces quelques accords boisés et cette voix si proche, comme si à nouveau tout recommençait, comme si supplié de rester, face aux promesses que tout ira bien, on se laissait prendre encore une fois... On se promet la dernière. Je me le suis promis... et j'en suis encore là.
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